


Les plafonds peints ne sont malheureusement pas visibles, le donjon n'étant pas accessible en raison de l'effondrement de la cage d'escalier survenu en 1987. Cependant tous les travaux de stabilisation des maçonneries et la renovation de la toiture assurent aux plafonds des conditions de sauvegarde dans l'attente de véritables travaux de restauration du donjon.
Association internationale de Recherche sur les Charpentes et Plafonds Peints Médiévaux
Plafond du donjon du château de Pieusse, décoré au XIIIe et au XIVe s.
Motifs ornementaux.
Extrait d'un document de l'Association internationale de la recherche sur les charpentes et plafonds peints médiévaux - 6 JUIN 2015
Pieusse,
Le donjon des archevêques de Narbonne
RCPPM

Contexte historique
Célèbre dans l’histoire du Languedoc médiéval pour avoir accueilli un concile « cathare », Pieusse fut confisqué par le roi, puis restitué aux archevêques de Narbonne qui le conservèrent dans leur patrimoine. La pièce maîtresse du château est un donjon roman dont il est difficile de dire s’il a été bâti par les anciens seigneurs ou par l’archevêque Pierre Amiel, ou son successeur Guillaume de La Broue. Il comportait quatre niveaux, chacun d’un espace intérieur de 10,50 m sur 6,50, avec un accès extérieur au deuxième ; c’est au troisième niveau, éclairé par des baies géminées, que fut établi le décor dont seul subsiste aujourd’hui le plafond, singulier parmi les autres plafonds languedociens, et de très fugaces traces d’un décor mural.
Description de la structure
La charpente est à solivage simple : 21 poutres allant de mur à mur et portant des planches perpendiculaires. Le décor en est postérieur, « gothique », peint sur un plafond déjà en place, à la différence de la plupart des autres plafonds, dont la majorité des pièces a été peinte au sol. Autre différence majeure : aucun closoir et par conséquent pas de scène historiée. Les joues des poutres sont gris sombre ornées d’étoiles rouges, de faible force visuelle. Les ais sont colorés de rouge ; un décor d’étoiles et de blasons en a sans doute disparu. La palette actuelle de ce plafond est donc beaucoup plus rouge qu’originellement : elle était initialement bien plus contrastée, notamment par des bleus vifs.
Iconographie
Le décor est fondé sur l’alternance de deux modèles. Le premier modèle (A) est composé de quadrilobes jointifs, dont le centre est occupé par un motif circulaire de couleur vive, entouré de rinceaux stylisés ; une poutre sur fond rouge (A1), la suivante sur fond blanc (A2), le modèle B s’intercalant entre les deux. Les motifs sont peut-être peints au pochoir, mais le trait de peinture est si vif qu’il a peut- être été réalisé sur un tracé préparatoire.
Le deuxième modèle (B) porte un décor plus complexe, alternant deux motifs enserrés dans des cartouches. L’un est géométrique, formé d’un carré dont chaque côté inscrit dans un quadrilobe, rehaussé d’un vert lumineux. L’autre représente, avec beaucoup de grâce, deux oiseaux posés sur un léger branchage fleuri : les oiseaux se tournent le dos, mais ils se regardent et leurs becs opposés rouge vif, soulignent cet affrontement.
La composition générale du décor est bâtie sur deux principes associés : la linéarité des poutres A, que n’interrompt aucun couvre- joint entre les ais du plafond et la disposition en damier des poutres B. En effet, le motif des oiseaux retrouve le même emplacement sur la poutre, toutes les quatre poutres.
Le motif losangé se retrouve à Saint-Polycarpe et celui des oiseaux affrontés se retrouve sur le tombeau de la Pierre de la Jugie, archevêque de Narbonne mort en 1376. Le décor est élaboré en plusieurs étapes : un premier décor peint sensiblement après la construction du plancher, puis un second décor beaucoup plus fin et complexe, s’ajoutant sur les poutres à l’époque de Pierre de la Jugie.
Par Christophe Robert, Monique Bourin