
Évocation de la vie de Benoît de Termes, évêque du Razes élu après le concile cathare de PIEUSSE en 1226
"Paratge", nom occitan signifiant noblesse, est le titre du site internet de Gauthier Langlois, auteur de recherches sur le Languedoc médiéval. En cliquant le logo ci-dessus, nous vous invitons à découvrir son site auquel nous nous référons pour cette page

Extrait de l'étude publiée le 11 décembre 2013
"Sur le modèle des églises chrétiennes primitives les cathares se sont dotés d’une hiérarchie comprenant des évêques, des diacres et de simples parfaits dont la mission est de prêcher et d’administrer le consolament. Les parfaits vivent de leur propre travail et d’aumônes. Leur vie exemplaire qui contraste avec le relâchement d’une partie du clergé catholique les rend très populaires. Ils sont particulièrement bien accueillis dans l’aristocratie locale, notamment à Termes avant la croisade."
Fautes de sources, l’implantation du catharisme en Razès est mal connue. Elle semble plus faible qu’en Lauragais, sauf peut-être dans la haute vallée de l’Aude. Malgré la répression qui s’abat sur les parfaits avec la croisade albigeoise, le catharisme continue un temps à se développer au point de nécessiter la création de l’évêché de Razès.
Benoît de Termes, évêque cathare du Razès
Issu d’une puissante famille aristocratique, probablement lettré et savant, Benoît de Termes fut sans doute l’un des cadres les plus influents du catharisme occitan. Et c’est à ce titre qu’il fut l’un des quatre représentants des églises cathares qui tinrent tête au futur saint Dominique puis qu’il devint évêque. Mais sa vie comporte beaucoup d’incertitudes.
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(nous renvoyons au lien vers le site de G. Langlois pour les illustrations)
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Benoît apparait dans l’Histoire en 1207 avec la dispute théologique qui oppose, à Montréal et Fanjeaux, les champions des églises cathares aux prédicateurs catholiques. Il est alors probablement diacre du Razès et fils mineur de l’évêque de Carcassonne, c’est-à-dire le troisième personnage dans la hiérarchie cathare du Carcassès. Il a donc déjà une longue carrière religieuse derrière lui.
Sur ses origines et sa jeunesse nous ne pouvons faire que des suppositions. Benoît est probablement né avant 1160 dans la famille de Termes qui contrôle alors la plus grande partie du Razès oriental. Au siècle précédant un seigneur de Termes avait confié au monastère de Lagrasse l’un de ses cadets, nommé Benoît, pour qu’il devienne moine. Et c’est peut-être de cette manière, comme beaucoup de cadets de l’aristocratie, que Benoît entame une carrière religieuse. Son prénom, Benoît, le prédestinait à faire carrière dans l’ordre bénédictin. Mais vers 1175-1180 les seigneurs de Termes amorcent un long conflit avec Lagrasse, allant jusqu’à enlever et rançonner l’abbé de ce monastère. Leur anticléricalisme et leur mépris des excommunications fulminées contre eux par l’Église catholique semble indiquer qu’ils ont dès cette époque adhéré en famille au catharisme. Benoît est-il à l’origine de la conversion de sa famille ? Nous ne pouvons répondre. Mais il n’est certainement pas étranger à la diffusion du catharisme dans les Corbières. Il pouvait s’appuyer sur le réseau de relations des seigneurs de Termes, réseau qui s’étendait jusqu’au Lauragais, au Minervois et au Roussillon. De même l’esprit d’indépendance et l’influence de la famille de Termes ont certainement joué dans la création de l’évêché du Razès et la nomination de Benoît à sa tête.
C’est à Pieusse, en 1226, que Benoît est ordonné évêque par Guilhabert de Castres, évêque des Toulousains. Peut-être résidait-il dans ce village, dans la maison de parfait qui y est signalée. La proximité de Limoux, centre de gravité du Razès dont le vicomte Trencavel avait fait un pôle de résistance contre l’Église catholique et le roi a sans doute fait de Pieusse le siège de l’Église du Razès. Pour peu de temps cependant. Car l’année suivante, la reprise de l’offensive royale force les résistants à se replier sur Couiza. Benoît y console le chevalier Raimond de Roquefeuil, blessé pendant les combats, en présence des seigneurs de Niort et de Montréal. La soumission des principaux résistants, dont celle d’Olivier seigneur de Termes en novembre 1228, contraint à nouveau Benoît à se replier plus au sud. Il trouve refuge dans le Fenouillèdes, sous la protection de Chabert de Barbaira. Ce chevalier, farouche défenseur des hérétiques, a sans doute accueilli l’évêque du Razès dans son château de Quéribus. C’est en tout cas là que Benoît est signalé pour la dernière fois. Un croyant originaire du Lauragais qui dépose devant l’Inquisition, affirme lui avoir vendu un pâté de poisson vers 1230. Benoît, très âgé, meurt sans doute peu après car son fils mineur, Raimond Agulher, est signalé comme évêque du Razès en 1233. Ce dernier se réfugie à Montségur et avec lui disparaît l’évêché cathare du Razès. Les derniers parfaits et croyants cathares du Razès sont condamnés par l’Inquisition dans la première moitié du XIVe siècle. <...>